Être SDF à Rennes

 

Sommaire

Introduction et problématisation

Les SDF de nos jours à Rennes

1 - Les SDF vus par les associations caritatives : qui sont-ils ? Comment vivent-ils ?

2 - La politique de la ville à leur égard

Sources d'information

 

 

Introduction et problématisation

1 - Errants et vagabonds dans l'Histoire

Le vagabondage n'est pas un fait apparu, comme nous pourrions le croire, au vingtième siècle. En effet, les historiens ont découvert que les sans domicile fixe existaient déjà sous l' ancien régime. Nous remarquons aussi que le nombre de ces exclus évolue en fonction de différentes situations historiques. Au quatorzième siècle, le terme "vagabond" apparaît dans des textes répressifs, visant à "évincer" ces errants pouvant provoquer des troubles dans la société. Ainsi ces vagabonds errent de villes en villes, suivant les expulsions dont ils étaient la cible. En 1662, alors que commencent à se développer des œuvres de charité, notamment grâce à Vincent de Paul et Jean Baptiste de la Salle, un édit est promulgué par Louis XIV considérant le vagabondage comme un délit. Les errants étaient alors passibles de prison. Le Premier Empire confirme cette décision et un peu plus de 30 000 mendiants sont ainsi arrêtés et emprisonnés. Entre temps, nous observons la timide apparition d'associations caritatives, telles que la Croix rouge en 1864 ( soins d'urgence ).

Ainsi la notion de solidarité émerge tranquillement dans une société où le développement ( industriel, économique, … ) se fait de plus en plus présent. Petit à petit les autorités constatent l'inutilité de la prison, et sous la IIIe République l'Etat, en s'affirmant social et intégrateur, commence à prendre en charge l'exclusion. Léon Bourgeois (1851-1925) est l'un des instigateurs de ce mouvement de solidarité. Malgré cet effort, on estimera tout de même de 200 000 à 400 000 la population "errante" en France à la fin du dix-neuvième siècle.
Après la Seconde guerre mondiale, suivant le "chemin solidaire" ayant commencé à se développer sous la IIIe République, de nouvelles associations caritatives viennent en aide aux "pauvres" et aux sans abri. Ainsi en 1946, le secours catholique et le secours populaire français tentent également de dire non à l'exclusion, et l'appel de l'Abbé Pierre en 1954 pour venir en aide aux sans abri restera, on l'espère, longtemps gravé dans les mémoires.
Les années 1980 ont vu avec elles la médiatisation de cette "question" . Et de problème sociologique nous sommes passés à problème social. Mais le fait que l'opinion publique prenne conscience de l'exclusion ne fera pas se réduire celle ci…

2 - Actuellement : les caractères de l'errance.

Nous pouvons constater une augmentation du phénomène des "sans-abri" , les plus nombreux étant les provinciaux et les immigrés. Ce phénomène peut s' expliquer par plusieurs facteurs : le chômage de longue durée ; la drogue (le crack en particulier ) ; les difficultés de politique de logement ; l' augmentation des familles monoparentales. Or, sur ce dernier point, la famille est sensée fournir un soutien affectif et/ou matériel à ses membres en difficulté, contribuer à la réussite scolaire des enfants et mettre à leur disposition son "réseau de connaissance", afin de les aider à trouver un emploi et un logement. Nous pouvons noter que de nombreuses personnes de la rue ont été séparées précocement de leur famille, le plus souvent dans des conditions traumatisantes ( handicap à la fois psychologique et matériel ). Nous devons également préciser qu'un sans domicile fixe sur cinq est incapable de nous informer du métier de son père ( soit parce qu'il ne l'a pas connu, soit parce que les liens avec lui ont été rompus trop tôt.).
Si beaucoup de personnes sont indifférentes à leur situation, la loi ne s'est en revanche jamais désintéressée d'eux : les infractions du vagabondage et de la mendicité furent inscrites dès l'origine dans le code pénal. Cependant, dans le nouveau code pénal de 1994, ces deux délits (mendicité et vagabondage) ont disparu. La décision d'interdiction relève maintenant de chaque municipalité. Aussi, certaines actions, relayées par les médias, ont permis aux sans domicile fixe de s'affirmer nettement dans le débat et sur la place publique .Les sans domicile fixe sont alors devenus l'objet d'études et de dispositifs spécifiques. Un plan départemental pour l’hébergement d’urgence imposant un minimum de capacités par bassin d’habitat a été établi. Des solutions sont également proposées pour résoudre les problèmes de soin ( exemple de la Couverture Maladie Universelle - CMU).
Du côté non gouvernemental, il existe également de nombreuses associations caritatives venant en aide aux personnes de la rue ; afin de leur éviter de devoir subir la rue, les nuits dans les squats ou dans les halls de gare, ou encore les longues heures passées dans un jardin public. Effectivement, ces personnes, si elles n’ont pas l’aide nécessaire, trouvent souvent refuge dans la drogue ou l’alcool. Et faire la manche devient un moment nécessaire de leur journée pour survivre.
La vie du sans domicile fixe comporte trois périodes précises : la fragilisation, l’habitude et la sédentarisation.
- La fragilisation correspond au comportement des nouveaux venus dans l’espace public. Ce sont des individus tout à fait socialisés, mais vulnérables.
- L’habitude décrit le comportement de ceux dont la vie est depuis un moment organisée autour des réseaux de survie individualisés et collectifs.
- La sédentarisation est la phase de l’adaptation à la vue des personnes qui correspondent à la figure traditionnelle du “ clochard ”. Bien trop souvent, cette population est délaissée, contournée par ceux qui refusent d’affronter la réalité. Oui, dans un pays industrialisé comme la France, des personnes ne mangent pas à leur faim ; oui des personnes doivent se contenter de foyer, ou même pire, de la rue avec des cartons pour seule protection, pour dormir la nuit. En été comme en hiver ; qu’il fasse 10 ou moins 3°C . Imaginez que vous n’avez plus rien, ni maison ni famille. Que faîtes-vous ? La ville apparaît alors comme l’endroit le plus “sûr ”, où vous trouverez de quoi survivre.
Pour cette raison, car les sans domicile fixe se réfugient toujours en grande zone urbaine plutôt qu’en zone rurale, ce sujet s’inscrit dans la thématique générale de la ville. Et la question qui se pose alors : que fait-on ? Pourquoi laisser ces personnes dans le désarroi et la misère alors qu’a côté, des gens ne pensent qu’a placer leur argent pour gagner plus, ou ne vivent qu’en fonction de l’argent qu’ils peuvent gagner ? Que deviennent alors les “ oubliés du capitalisme ” ?



SDF devant la gare TGV


Les SDF de nos jours à Rennes

1 - Des associations mobilisées

La CAO, Coordination pour l’accueil et l’orientation (association à loi de 1901) est un organisme qui s’occupe de ’gérer’ toute la population errante. De ce fait, elle est un peu la coordinatrice de tout le réseau associatif caritatif de Rennes. La CAO existe depuis 1998. Elle accueille tout public majeur en errance, accompagnée ou non d'enfants, avec peu ou pas de ressources. En 1999, elle a accueilli 1964 adultes dont une majorité d’hommes seuls (62,47 %). Les personnes venant à la CAO sont majoritairement âgées de 26 à 35 ans (33,19 %). 69,74% des personnes ont ainsi moins de 35 ans. Ces hommes et femmes sont 79,4 % à être de nationalité française, 6 % à être étrangers résidents et 14,6% en tant ‘qu’étrangers autre situation’. Ils viennent d’Ile et Vilaine (48 %) ou des autres départements français(43 %). Certains viennent aussi de l’étranger. Le chiffre 1964 est énorme. Mais il faut relativiser avec le fait que si ces personnes sont sans domicile fixe, la CAO est le premier endroit où elles viennent (en général) dès qu’elles ont un problème d’hébergement. Ainsi les personnes à la rue sont moins nombreuses (estimées à une soixantaine de personnes à Rennes). La CAO, après un premier accueil permettant de déterminer le problème du ‘demandeur’, réoriente vers d’autres organismes. Pour les sans domicile fixe, elle fait ainsi appel aux CHRS (Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale - Foyer St Benoît Labre), hébergement d’urgence (ex : foyer Saint Benoît Labre) ou, l’été, au camping des Gayeulles. Elle propose aussi des tickets services pour le repas. Puis, si le cas le nécessite, elle programme un rendez-vous avec un éducateur si la solution n’a pas été trouvée au premier abord. De là, un entretien d’évaluation permet de déterminer le suivi dont la personne a besoin, et par là même l’orientation vers tel ou tel service (CHRS hébergement temporaire, droits juridiques, santé,…) La CAO, financée à 60 % par l’état, 20 % par la région et 20 % par Rennes Métropole, apparaît donc comme la coordinatrice de toutes les associations caritatives, mais aussi les administrations (mairies, CDAS, ANPE,…) ou encore la justice et la santé. Et toujours dans le but d’aider la population errante…

1.1 - Qui sont les demandeurs ?

Leur origine sociale

Au Foyer Saint-Benoît Labre
La population de ce foyer est entièrement constituée d'hommes. Le règlement intérieur de cet établissement précise qu'un homme demandant hébergement dans ce foyer doit être un homme "seul, majeur et en difficultés sociales ". Nous n'avons que peu d'indications sur leur origine, mais ces hommes sont en général en difficultés suite à des conflits familiaux ou encore ayant subit une rupture précoce avec le système scolaire. Certains ont également été orientés dans ce foyer par l'intermédiaire d'autres services ( suivi après la prison, hôpitaux, CAO ).

Au Secours Populaire 35
Tout d'abord il est difficile de déterminer l'origine géographique des sans domicile fixe car l'association n'est pas autorisée à la demander. Tout de même, le Secours populaire a pu remarquer l'an dernier qu'aucun sans abri n'était d'origine africaine, qu'il n'y avait que rarement des sans domicile fixe d'origine maghrébine (qui devaient être sans doute français), deux britanniques et 35 polonais dont sept jeunes femmes (nombre en augmentation). Le Secours populaire accueille donc hommes et femmes.

Au Puzzle
Cet accueil est fréquenté par des hommes et des femmes; ces dernières étant minoritaires, et bien souvent accompagnées. Les personnes accueillies sont d'origine française pour la plupart (dont beaucoup de bretons ), mais il y a également des personnes originaires des pays de l'Est, ou encore du Maghreb. Rupture familiale précoce ou encore perte d'un facteur d'équilibre ( travail par exemple ) sont les raisons qui ont conduit ces personnes à la misère.

Leur âge

Au Foyer Saint-Benoît Labre

Le public est accueilli à partir de 18 ans. Actuellement, on observe l’évolution croissante du nombre de jeunes de 18 à 25 ans, dans ce foyer pouvant accueillir jusqu’à 70 personnes. Cet établissement accueille ainsi, chaque jour, 80% d’hommes de 18 à 45 ans. L’homme le plus âgé a, lui, 72 ans.

Au Secours Populaire 35

En ce qui concerne l'âge des sans domicile fixe qui viennent au Secours Populaire, il y a prépondérance de la tranche d'âge des 20 à 29 ans. 110 occupants sur un total de 230 ont entre 20 et 29 ans, 127 ont moins de 30 ans, soit 55% de l'effectif et 17 ont entre 18 et 20 ans. Il convient de nuancer cette prépondérance. Elle est due à l'existence de deux groupes spécifiques plus jeunes : tout d'abord, seulement 7 femmes sur 47 recensées dépassent les 30 ans ; les Polonais quant à eux n'ont pas plus de 39 ans ( âge du plus âgé ).

Au Puzzle

Les jeunes sont majoritaires dans cet accueil. En principe, toutes les personnes fréquentant le foyer ont plus de 18 ans. Dans les faits, ce n'est bien sûr pas vérifiable…

1.2 - La vie quotidienne

L'alimentation, les repas

Au Foyer Saint-Benoît Labre
Cet accueil de nuit assure tout de même un service , notamment les repas, la journée. Voici les horaires de vie au foyer :
A partir de : 6h00 Sortie possible de l'établissement 6h45 Réveil 7h00-7h30 Petit déjeuner ( servi jusqu'à 7h20 ) Ouverture du foyer : 8h00 Entrée possible dans l'établissement 12h00 Déjeuner ( servi jusqu'à 12h05 ) 12h30 Fermeture du restaurant 17h30-18h30 Enregistrement des présences et pointages des cartes Fermeture du foyer : 18h30 L'établissement est fermé aux entrées. Des dérogations peuvent être accordées 18h45 Dîner: - soupe ou entrée froide (18h55 ) - plat ( servi jusqu'à 19h00 ) 19h30 Fermeture du restaurant. La salle de loisirs du sous-sol est ouverte en dehors des temps de repas de 9h00 à 22h30 (ou fin du film à la T.V) 22h30 Chacun doit aller dans sa chambre, les télévisions, radios, paroles dans les chambres ne doivent pas être entendues des chambres voisines depuis le couloir, ni de l' extérieur; à minuit jusqu'au lendemain matin, les TV , radios, discussions doivent être interrompues dans les chambres.


Au Puzzle

L' accueil, ouvert de 14h30 à 18h30, propose des boissons ( café, thé, chocolat, … ) pour un franc symbolique. Toutes les boissons servies sont non alcoolisées.

L'accueil de jour, de nuit

Au Foyer Saint-Benoît Labre
L’ accueil de nuit fonctionne en deux temps : - accueil immédiat ( 3 nuits ). Ce type d’accueil est très demandé en hiver. - accueil temporaire ( six mois au maximum, mais pouvant être renouvelable ) . Actuellement, la structure du foyer permet d’accueillir 70 personnes en même temps. De plus, le foyer possède deux “ appartements ”, situés juste derrière la structure de base, qui permettent, lorsqu’une personne a retrouvé du travail et est prête à s'en sortir, de faire une transition entre le monde “ marginal ” et le monde “ normalisé ”. Ces studios permettent une relative autonomie à leurs occupants ( une personne dans chaque studio ) tout en assurant un soutien psychologique et financier. En échange, les occupants versent un peu de leur revenu au foyer.

Au Puzzle
Ce lieu est ouvert de 14h30 à 18h30 du mardi au dimanche compris. C' est donc un accueil de jour, qui permet de faire une pose aux personnes le fréquentant. De plus, les chiens sont accueillis, à raison de neuf à la fois ( décision prise par la ville de Rennes ). Une fois le "chenil" complet, les personnes souhaitant entrer dans le foyer avec leur(s) chien(s) doivent attendre qu'une place se libère pour que leur compagnon y soit placé. Au sein de l'accueil de jour, les sans domicile fixe peuvent trouver un livre d'or, ou ils peuvent se "soulager" en écrivant ce qui leur passe par la tête ou tout simplement en dessinant. Les "errants" ont également à leur disposition une carte de France, dont ils se servent pour indiquer le parcours qu'ils ont suivi avant d'arriver à Rennes. Ils peuvent aussi emprunter des livres à la petite bibliothèque de l'accueil, mais celle ci est relativement peu utilisée.


L'hygiène

Au Foyer Saint-Benoît Labre
Le règlement du foyer stipule que la personne doit : - se laver quotidiennement - prendre au minimum une douche par semaine ( obligatoire ) - se faire couper les cheveux - changer et nettoyer ses vêtements régulièrement Pour respecter ceci, ce qui est généralement fait, des lavabos sont présents dans chaque chambre. Il existe également des blocs sanitaires avec douches à chaque étage.

Au Secours Populaire 35

Le Secours populaire offre aux sans domiciles fixes la possibilité de s'offrir des vêtements de change (gratuitement ).

Au Puzzle

Des sanitaires ( douches, lavabos) sont à la disposition "des gens de la rue" pendant les horaires du foyer. De plus, ceux-ci peuvent, s'ils le souhaitent, laver leur linge ( à raison de 5 francs par machine).

Santé, soutien psychologique

Au Foyer Saint-Benoît Labre

Une visite à l’infirmerie pour faire un bilan de santé se pratique pour les personnes étant en hébergement temporaire. - Les résidants suivent les démarches nécessaires pour obtenir la Couverture Maladie Universelle (CMU). Ainsi, en cas de maladie ou de problème de santé important, la personne concernée peut aller consulter un médecin. - Une psychologue bénévole, une infirmière, ainsi qu’une éducatrice spécialisée assurent le soutien nécessaire à toute personne venue " frapper à la porte " du foyer.


Au Secours Populaire 35

Le Secours Populaire français propose le lundi après-midi pour permettre aux sans domicile fixes de choisir et de se procurer un change complet chaque mois. En même temps, ils ont la possibilité de boire un café et de discuter. Le Secours Populaire offre donc un soutien psychologique si la personne le désire.


Au Puzzle

Cinq personnes travaillent sur le centre: - trois éducateurs spécialisés - une infirmière - une assistante sociale Dans ces cinq personnes, deux sont de permanence chaque jour. Nous pouvons ainsi trouver un éducateur et une infirmière, ou un éducateur et une assistante sociale. Chaque jour, ces personnes assurent le soutien psychologique dont a besoin toute personne en difficulté. La discussion joue alors un rôle très important.

1.3 - Le financement des associations

Au Foyer Saint-Benoît Labre
Le CHRS ( Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale ) est financé en totalité par l’état. La ville de Rennes participe cependant à la vie du foyer : elle fournit la nourriture.

Au Secours Populaire 35
En nature, le secours populaire collecte au long de l'année tout matériel en bon état: vêtements, chaussures, livres, vaisselles, jouets, meubles. Les articles sont redistribués et mis en vente lors de braderies. Il collecte également les dons alimentaires, en particulier des produits secs ainsi que des produits d'hygiène et d'entretien. En argent, chaque année, le SPF organise 5 grandes campagnes auxquelles chacun peut apporter sa contribution. En argent, il perçoit également des subventions par la ville ainsi que par d'autres associations.

Au Puzzle
L'accueil de jour est financé à un tiers par la ville de Rennes, un tiers par la région, et le dernier tiers par l'Etat.

 

2 - La politique de la ville

Le logement social

Le point de vue de la Municipalité :
D’après les estimations de la ville de Rennes, il y aurait entre 50 et 60 personnes vraiment à la rue en ne tenant pas compte de celles dans les foyers. En effet, en ajoutant celles-ci, le nombre de sans domiciles fixes à Rennes serait alors de 200. Selon elle, un tiers de cette population est de Rennes et des alentours, un autre tiers du Pays de Loire ou de la Normandie, et enfin un dernier vient des pays étrangers. La ville a pu remarquer une certaine féminisation de cette population depuis les années 90,et les femmes représentent désormais 20% du public “ sans abri ”. Auparavant, le nombre de femmes était relativement faible car la société a toujours considéré qu’une femme à la rue faisait désordre. Tout de même, force est de constater que le nombre d’hommes a aussi augmenté. Nous constatons donc une évolution “ positive ” du nombre de sans abri à Rennes, évolution touchant de la même façon les hommes et les femmes. La ville a pu aussi remarquer un fort rajeunissement depuis les années 90. Avant, c’était une exception de voir un jeune à la rue, contrairement à aujourd’hui. De plus, la ville constate que cette population se fait de plus en plus visible car les sans domicile fixe sont généralement à plusieurs et forment donc des groupes (exemple de la “bande des chiens” ). Enfin, la ville a pu remarquer une forte mobilité de ce public. Un sans domicile fixe peut se trouver un jour à Rennes, et le lendemain à Montpellier.

Les gens de la rue adoptent plusieurs modes de survie, ils boivent beaucoup d’alcool, ce qui leur permet en période d’hiver de mieux lutter contre le froid ; ils vivent également de trafic, il leur arrive souvent de vendre de la fausse drogue. Les chiens sont aussi très importants dans la vie de ces personnes défavorisées. En effet, ces animaux sont le meilleur moyen d’avoir chaud, la nuit, quand il fait froid. Et n’est-ce pas plus humain qu’une couverture ? Les chiens sont le soutien affectif nécessaire à la survie de ces “exclus”.

Les aides fournies par la ville :
Tout d’abord, elle tente de connaître les personnes venant frapper à leur porte. La plupart souffrent d’isolement. De plus, Rennes finance entièrement certaines associations comme le Fourneau ; en ce qui concerne l'accueil de jour, elle finance tout ce qui est "fluide", c’est à dire, l’eau, le gaz… Enfin, elles demandent des espaces, des terrains de préférence clos. Elle essaye de trouver des maisons, comme celles qui attendent d’être abattues, et les donne à des associations comme Alfadi, ou encore les Restaurants du cœur. Celles-ci proposent alors les logement libres aux sans domicile fixe. C'est malheureusement souvent un échec car la personne qui à la chance de trouver une maison ramène généralement d’autres personnes, celles du groupe avec lequel il traînait auparavant dans la rue, la maison devient alors un squat bruyant, ce qui perturbe alors le voisinage...




Conclusion

Quand toutes les portes se ferment l'une après l'autre, le profil de la rue se dessine à l'horizon, puis se fait de plus en plus présent. Au final, vous êtes dedans, matin, midi et soir. Il faut y vivre, y survivre. Les gens, apeurés par le fait que cela peut arriver à tout le monde, du jour au lendemain, vous dévisagent sans essayer de vous comprendre. Vous plaignent quand, l'hiver il neige. Se plaignent lorsque, l'été, vous faites du bruit. Et ferment les yeux sur la misère qui vous entoure... Vous, le SDF, le clochard, l'exclu, décidez un jour de réagir, de ne pas laisser faire cette société qui vous détruit.

Vidéo: extrait de Home d'infortune (1996, 28 minutes ), film de Labri BENCHIHA, reporter à France 3

Le Relais, dans sa mission rennaise, agit dans le but de réinsérer les victimes d'exclusion dans la vie sociale. Et s'occupe notamment de trouver un premier "petit boulot" (comme par exemple tondre les pelouses) aux personnes désireuses de changer de mode de vie. Ainsi, comme nous pouvons du jour au lendemain devenir sans domicile fixe, il est également possible de sortir de la "spirale de l'exclusion". Et si l'on choisit rarement de devenir sans domicile fixe, quitter cet état résulte d'une volonté, d'un choix. Choix qui, accompagné de toutes ses conséquences, se révèle souvent difficile à faire. En effet, seriez-vous capables, après avoir vécu des mois, voire des années, "sans toit ni loi", de retrouver soudainement une vie régie par des normes, des règles strictes et incontournables ?

Annexe : inventaire des organisations intervenant auprès des SDF

- Coordination pour l'Accueil et l'Orientation (CAO)
- Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) : le foyer Saint Benoît Labre (accueil de nuit)
- Le Puzzle (accueil de jour)
- Le Fourneau (restaurant social)
- Le Relais
- Les restaurants du coeur
- Le Samu social
- La Croix rouge francaise
- Le Secours Populaire 35
- Emmaüs


Sources d'information :


Bibliographie

- Le Rennais, décembre 1995: Jeunes et à la rue; que peut-on faire ? ( p. 14 à 18 )
- Le Nouvel Observateur, 3-9 décembre 1998 ( p. 112 à 117 )
- L'Exclusion, l'Etat des savoirs (sous la direction de S. Faugram ) Collection La Découverte
- Alternatives économiques, juillet août 1997 ( n° 150 ): Du vagabond au SDF : les errances de l'Etat ( p. 62-63 )
- Le Monde Diplomatique, 5 avril 1994 ( n° 481 ) : Du bon usage du squat par temps de crise
- Alternatives économiques, février 1999 (n° 167 ): Assez d'apitoiements saisonniers ( p.44-45 )
- Phosphore, janvier 1996: Comment les pauvres passent-ils l'hiver? ( p. 67-68 )

Documentaires video - Home d'infortune (1996, 28 minutes ), film de Labri BENCHIHA, reporter à France 3 - Paroles de Yannick (1997, 16 minutes ), film de Larbi BENCHIHA

Documentation photographique : photographies réalisées par les élèves à l'occasion de déplacements.

Contacts auprès des organismes venant en aide aux SDF
- Le Secours Populaire 35 : un éducateur
- Le Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale : une éducatrice, conseillère en ESF
- Le Puzzle (accueil de jour) : une éducatrice
- Un responsable de la Municipalité (Logement social, politique de la ville), Monsieur B.

 
Les TPE en classe de Première ES2 au lycée Ile de France de Rennes
2000 - 2001 - Virginie F. et Séverine H.
Dernière mise à jour le : 9-06-2001