Introduction
Dans les années 1863-1870, la ville de Rennes se voit dotée
d’un bâtiment d’Etat, une "maison centrale de force et de correction"
pour femmes. Le projet de construction est réalisé par un architecte
parisien, Alfred Normand. Cette Maison Centrale est la première
construite spécialement pour les femmes en France. Les bâtiments ont
une architecture élégante et sobre, où la brique se marie à la pierre.
Après le porche d’entée, la première cour actuellement ouverte au public
est bordée de deux bâtiments parallèles, à droite La Direction Régionale
des Services Pénitentiaires, à gauche des logements de fonctions.
Depuis sa construction la fonction de certains bâtiments de la prison
a changé. Par exemple, les services de l’intendance ont été remplacés
par des salles de bain, des cuisines, une boulangerie, des lavoirs,
une lingerie, une école et une infirmerie. On doit également préciser
que les régimes de détention ont aussi été modifiés, ils sont actuellement
au nombre de trois.
Historique de la Centrale pénitentiaire pour
femmes :
C’est en 1863 que fut prise la décision de construire une prison
pour les femmes en France. En 1869 les travaux sont terminés et l’établissement
est appelé « La Maison Centrale de Force et de Correction ». Cette prison
a été construite sur le plateau de Beaumont par un architecte parisien
dénommé Alfred Normand qui, pour la construction de cet établissement,
a travaillé avec l’architecte départemental de l’époque. La prison a
été conçue pour recevoir 900 à 1000 femmes alors qu’elle n’en compte
aujourd’hui qu’entre 230 et 240. En 1870, c’est le premier établissement
pénitentiaire destiné à accueillir exclusivement des femmes. Ces
dernières étaient auparavant envoyées dans des quartiers d’établissement
d’hommes où elles vivaient dans des conditions effroyables et sans la
moindre hygiène. S’il n’y avait pas de place dans ces quartiers, on
les envoyait dans des orphelinats religieux ou encore dans les DOM-TOM.
Jusqu’en 1911, c’était la marine nationale qui dirigeait cet
établissement. De 1941 à 1944, il est rattaché au Ministère de
l’Intérieur puis au Ministère de la Justice. De 1954 à 1959,
la prison ferme ses portes pour des travaux de rénovation. Les détenues
adultes sont transportées à Hagueneau et les jeunes filles sont transportées
à Doulins. Jusqu’en 1985, il y avait entre 400 et 450 personnes
au plus au sein de cet établissement. Puis on procède à des travaux
qui consistent principalement à apporter le chauffage, l’eau chaude,
un gymnase, une médiathèque… Jusqu’en 1989, cet établissement était
le seul qui recevait des femmes définitivement condamnées (+ de 2 ans
à perpétuité). Ensuite, on a construit l’établissement de Bapeaume
(au sud d’Arras) et celui de Joux la Ville (à 35 km d’Auxerre).
Localisation géographique :
La prison des femmes a été le premier bâtiment important construit au
sud de la voie ferrée. Avec la construction de la Rue de l’Alma,
elle a activé la formation du quartier.

On remarque
que cette prison a une forme originale (l’originalité était une des
principales caractéristiques d’Alfred Normand à l’époque). La photo
ci-dessous montre bien la forme hexagonale de l’établissement.
On constate également que la prison renferme beaucoup d’espaces de verdure.
A l’origine construite en pleine campagne, on remarque qu’elle a vite
été rattrapée par la ville. Les documents ci-dessous montre bien que
lorsqu’elle a été construite, la prison était en pleine campagne.

La prison à la campagne
(vue de ballon en 1880)
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La prison de nos jours
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De plus,
on sait que si elle a été construite près de la gare c’est parce
qu’elle devait recevoir des gens de la France entière. La commission
d’enquête (voir ci-dessous les sources) a souvent constaté que les terrains
choisis pour construire ou reconstruire des prisons se situaient à l’extérieur
des villes, sans accès par transports en commun. Or, l’isolement
géographique des nouveaux établissements constitue un obstacle au
maintien des liens sociaux et pénalise les familles modestes qui doivent
engager des dépenses importantes pour leur budget afin de rendre visite
à leur proche. On peut alors parler, par exemple, de la prison de Joux
la Ville située à 35 km d’Auxerre et donc à 35 km d’une gare, pour laquelle
le pourcentage de réinsertion est catastrophique (la situation géographique
ne facilitant en aucun point le rattachement à la société !). Alors
que la prison de Rennes voit un taux de réussite de réinsertion s’élevant
à 95%.
Caractéristiques et fonctionnement :
La prison des femmes rennaise contient :
- Un régime de centre de détention, c’est dans cette unité que
sont incarcérées des femmes ayant une peine allant de plus de 2 ans
à perpétuité.
- Un quartier Maison d’Arrêt, où sont enfermées les femmes en
cours d’instructions. A Rennes cette unité peut accueillir entre 20
et 25 personnes.
- Un quartier nurseries qui peut accueillir 4 mamans et leurs
enfants.
A Rennes les femmes ont une permission de sortir une fois par trimestre.
De plus, elles sont relativement libres au sein de la prison puisqu’elles
ne sont pas réellement enfermées comme dans certaines autres prisons.
Elles peuvent travailler (en étant rémunérées) de 7h30 à 13h30 puis
aller manger librement jusqu’à 14h30.
Elles ont la possibilité d’effectuer différents types de travaux
:
- Le travail de service général : cuisine, distribution des plats,
entretien… Ce sont des emplois offerts par l’administration locale pour
l’entretien de l’établissement. (Environ 720F/mois)
- Le travail de concession : emploi offert par une entreprise
privée, souvent manuel et peu qualifié. (Environ 1290F/mois)
- Le travail pour le RIEP : division de l’administration pénitentiaire
chargée d’assurer l’emploi des détenues. Ex : elle peut gérer l’imprimerie
administrative de la prison. (Environ 1870F/mois) Les détenues ont leur
après-midi libre pour faire du sport, aller à la médiathèque ou encore
assister à des cours de remise à niveau (3 instituteurs sont mis à disposition
des détenues).
Voici l’emploi du temps type d’une détenue de la prison de Rennes
:
- 7h30 : lever, début du service du petit déjeuner
- 8h30 : activités éventuelles (douche, promenade, infirmerie, parloir,
travail, école, stage de formation…)
-11h30 : début du service du déjeuner
- 13h30 : fin du travail matinal
- 14h30 : fin du déjeuner
- 18h30 : début du service du dîner
- 20h00 : fermeture des cellules
Les détenues sont contrôlées 2 fois par jour. Les cellules comprennent
un point d’eau, un lit et une armoire. Le ménage est fait par les détenues
(qui doivent cantiner leurs produits ménagers). La direction de la prison
permet aux détenues d’arranger leur cellule comme elles le souhaitent,
elles peuvent donc la décorer selon leur goût et ainsi se sentir
plus chez elles.
C’est grâce aux « cantines » qu’elles peuvent se procurer des
biens divers provenant du « dehors », par exemple du tissu pour des
rideaux, les colis étant interdits, à l’exception du linge et des livres
brochés. Elles peuvent donc commander du nécessaire de toilette, de
la nourriture, des vêtements…La télévision aussi est cantinée (c’est
à dire dans ce cas louée à l’administration) ainsi que parfois des petits
réfrigérateurs de cellule, des ventilateurs ou encore des ordinateurs
(les détenues peuvent avoir accès à Internet).
La cantine permet d’améliorer notablement les conditions de vie en prison,
du moins pour ceux qui en ont les moyens!!!
Les détenues qui ne travaillent pas et que la famille ne prend pas en
charge, qui donc ne disposent d’aucun revenu, sont appelées les «
indigentes ». En prison non plus on n’est pas égal devant le
revenu…
Budget :
Le budget de la Centrale pénitentiaire de Rennes est de 780 000 F par
an. Cela peut paraître beaucoup mais en réalité on peut parler d’un
budget « maigre » si on prend en compte tout ce qui devrait être fait
au sein de cette prison. En effet, comme le dit Michel Genevé (de la
Direction) : « L’entretien de tels bâtiments est un gouffre et notre
budget n’est que de 780 000 F ». De plus, on notera que la ville de
Rennes ne participe pas du tout aux dépenses de la prison (qui ne sont
pas de son ressort). Financièrement, la prison est totalement indépendante.
Il en est de même pour les associations qui font tout pour rendre la
vie plus agréable aux détenues ; en effet, elles non plus ne bénéficient
d’aucune aide financière de la part de la ville Par exemple, l’association
« Arc en ciel », met à disposition des familles des chambres d’hôtes
à un prix très modeste : environ 40 fr/nuit, et s’autofinance totalement).
Le lieu ne demande qu’à s’animer, alors que les moyens financiers ne
suivent plus pour acheter le mobilier.
Malgré tout, la prison a bénéficié cette année d’une aide supplémentaire
de la part de l’Administration Pénitentiaire pour favoriser la mise
en place des Unités de Vie Familiale (ces unités permettent aux
détenues de recevoir un membre de leur famille pendant quelques jours).